Émotions, sentiments et comportements suite à une agression sexuelle

 

ÉMOTIONS ET SENTIMENTS

Pendant et suite à une agression, l’on peut vivre différentes émotions : peine, agressivité, colère, rage, peur, terreur, tristesse, découragement, déprime, solitude, impression d’être incompris-e, irritabilité, sautes d’humeur, diminution du seuil de tolérance, impression qu’une partie de nous est morte, s’est brisée. Toutes ces émotions sont normales et peuvent, selon les victimes, être d’une intensité variable et se présenter à différents moments dans le processus de guérison.

 

Au sujet de la PEUR¹

 

La peur est l’une des manifestations les plus répandues et les plus durables chez les victimes d’agression sexuelle. Elle peut prendre différentes formes et altère profondément la qualité de vie de la personne et de son entourage immédiat. La peur empêchera souvent la victime de vaquer à ses activités habituelles, comme aller travailler, faire ses courses, s’occuper de ses enfants. Elle devra réorganiser son horaire en fonction de celui de ses proches, afin d’éviter de se retrouver seule, et deviendra ainsi dépendante pour un temps du bon vouloir de son entourage.

 

Voici une liste des peurs les plus fréquentes éprouvées par la victime:

 

• peur d’être seule, à la maison ou ailleurs;

• peur de se déplacer seule;

• peur provoquée par le fait de se trouver dans un endroit public;

• peur de l’agresseur, peur des représailles que l’agresseur ou d’autres personnes pourraient lui faire subir;

• peur d’être agressée de nouveau;

• peur d’aller dans des endroits particuliers;

• peur de se retrouver seule avec un homme dans un endroit clos (ascenseur, bureau, à la maison) ;

• peur des hommes en général ;

• peur de ne plus être capable d’avoir une relation amoureuse;

• peur des étrangers;

• peur de ne plus être capable d’accorder sa confiance;

• peur d’avoir des relations sexuelles;

• peur de ne pas être crue ou prise au sérieux;

• peur de la réaction des proches.

 

 

Les sentiments de HONTE liés à la sensation d’être sale, de la perte d’une certaine           

pureté, à l’impression que cela est su de tous, d’être regardé-e différemment, à la confusion d’avoir ressenti également du plaisir*, au sentiment d’être différent-e     des autres, d’avoir une famille différentes des autres, etc.

                et de CULPABILITÉ liés au fait de ne pas avoir résisté, de ne pas avoir crié ou d’avoir bu,  accepté une invitation, ouvert la porte à un inconnu, « fait des avances »

sont aussi fréquemment présents.

 

Parfois la victime aura tendance à excuser l’agresseur : il n’était pas dans un état normal (il avait bu, pris de la drogue), je l’ai fâché-e/contredit-e et a perdu patience par ma faute, j’étais habillé-e trop légèrement, il/elle vivait une période difficile, c’est la première fois, ce n’est pas dans son habitude, il/elle a perdu la tête. AUCUNE SITUATION NE PEUT JUSTIFIER LE COMPORTEMENT D’UN-E AGRESSEUR-E SEXUEL. L’AGRESSEUR-E EST TOUJOURS RESPONSABLE DE SES GESTES.

 

POSEZ-VOUS LES QUESTIONS SUIVANTES : Est-ce que tous ceux qui avaient bu ou pris de la drogue vous ont agressé-e? Est-ce que tous ceux avec qui vous avez des désaccords vous agressent? Est-ce que tous ceux qui vivent des périodes difficiles usent de leur pouvoir pour vous attaquer? NON … Alors pourquoi chercher à les excuser….

 

1)       Source : Gouvernement du Québec, Guide d’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle, Ministère de la santé et des Services sociaux, 2010.

 

 

*Il est possible pour une victime d’avoir une érection, d’éprouver une excitation à la suite d’une stimulation des partie génitales, même dans une situation d’agression sexuelle; il s’agit d’une réaction corporelle à une stimulation. CELA NE SIGNIFIE PAS QUE LA VICTIME ÉTAIT CONSENTANTE.

 

 

 

QUELQUES COMPORTEMENTS 

 

Hyperactivation : insomnie, problème de concentration, hypervigilance (surveillance attentive et soutenue des gens et/ou de tout ce qui se passe dans l’environnement).

 

Évitement : éviter les pensées, les sentiments, les conversations, les endroits ou les gens associés ou qui éveillent l’évènement traumatique.

 

Détachement : vous sentir « gelé-e », détaché-e face aux autres, avoir l’impression de ne plus rien ressentir pour votre conjoint-e, vos amis, pour les gens que vous aimez, vous sentir (partiellement ou totalement) coupé-e de vos émotions.

 

Pertes d’intérêts : baisse d’intérêt marquée pour le travail, les études ou des activités qui auparavant vous tenaient à cœur.

 

Isolement : se tenir à l’écart, éloigné-e des autres parce qu’on a moins confiance en ceux qui nous entourent, parce qu’on a l’impression de ne pas être compris-e ou d’être différent-e.

 

 

Le danger avec l’évitement, le désintéressement et l’isolement, c’est qu’il s’auto-renforce; moins vous avez le goût de faire des choses plus cela vous déprime, et plus cela vous déprime moins vous avez le goût de bouger. Ainsi les sentiments de tristesse et de dépression augmentent. Il est donc souhaitable que vous vous efforciez, même si vous n’en avez aucune envie, de rencontrer des amis et de reprendre les activités normales… même si, au tout début, cela vous demande de l’effort et de l’énergie.